La Chine sous Mao ou le travail pris dans les filets de l’idéologie – 2ème partie

La première partie de cet article consacré aux représentations du travail sous la République Populaire de Chine s'était arrêtée en 1965 (Voir La Chine sous Mao ou le travail pris dans les filets de l’idéologie – 1ère partie). En voici la suite qui s'ouvre sur le Révolution culturelle et s'achève sur les mutations économiques ouvertes après le décès de Mao Tsé-toung.

La révolution culturelle ou l’idéologie première

Après l’échec du Grand Bond en Avant, Mao Tsé-toung fut confronté à de fortes oppositions venant de l’intérieur du Parti Communiste. Il y fit face en lançant en 1966 dans tout le pays une campagne idéologique d’une ampleur et d’une durée inédite : la « grande révolution culturelle », 文化大革命 wénhuà dàgémìng.  

Pour  ce faire, il s’appuya sur la jeunesse, dont une partie le soutint en formant des brigades de gardes rouges 红卫兵  Hóng wèi bīng, chargées de mettre fin aux « quatre vieilleries » (四旧 sì jiù) : les « vieilles idées » ; la « vieille culture » ; les « vieilles coutumes » et les « vieilles habitudes ».

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Le départ à la campagne, 1970

Ce mouvement eut un large écho international. Une de ses figures les plus connues fut probablement l’envoi, à partir de 1968, des étudiants et intellectuels dans les provinces rurales pour qu’ils s’imprègnent des réalités de la vie paysanne et de leur travail. C'était aussi le moyen de disperser les gardes rouges dont les milices avaient conduit le pays au bord de la guerre civile.

Ces jeunes partent en train de Shanghai pour la campagne ; ils manifestent leur enthousiasme de suivre les consignes de leur chef spirituel, en brandissant le recueil de « Citations du Président Mao » (毛主席语录, Máo Zhǔxí Yǔlù), connu en France sous le nom de « Petit livre rouge » [1].

Cette affiche [2] proclame, sur le bandeau vertical à droite : « Allez à la campagne, allez à la frontière, là où la patrie en a le plus besoin » ; sous le bras gauche de la passagère : « Il est nécessaire que les jeunes instruits aillent à la campagne et se fassent rééduquer par les paysans pauvres  et moyens ». Enfin, placardé sur le train, à gauche est indiqué la ville de départ, Shanghai et à droite « Apprendre du camarade Jīn Xùnhuá ».

Jīn Xùnhuá, 金训华 était un étudiant de Shanghai et un garde rouge actif. Il fut envoyé à la campagne en 1969 dans le Heilongjiang, à l'extrême nord-est de la Chine. En août de la même année, il sauta avec deux camarades dans une rivière en crue qui emportait deux poteaux électriques et ce serait noyé, après avoir sécurisé les poteaux, en essayant de sauver l'un des jeunes hommes. Quelque temps après, il fut présenté comme un modèle pour ce « sacrifice désintéressé » [3].

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« Mettez tout ce que vous avez pour supporter l’agriculture », 1970

Devant une vaste étendue jaune qui pourrait être un champ de blé mûr si elle n’était pas en son fond traversée par des formes rouges qui ressemblent à des navires, un ouvrier agricole conduit d’une main un tracteur et de l’autre brandit les pensées du Président Mao [4]. Il n’y a dans ce missel aucune instruction technique qui pourrait être utile dans l’exécution du travail. En revanche, il fourmille de recommandations normatives sur la manière dont un authentique communiste doit se comporter dans la vie sociale et donc dans le travail. « Mettez tout ce que vous avez », « Faites effort » est en effet une des consignes récurrentes du petit livre rouge qui peut aussi bien s’appliquer aux activités productives, et ici particulièrement aux travaux agricoles.

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« Pauvres et moyens paysans pour conduire la critique de Lín Biāo et Confucius », 1974

En 1924 alors qu’il avait 17 ans, Lín Biāo, 林彪 s'est engagé dans les  jeunesses communistes chinoises. Brillant soldat, il fut de tous les combats qui conduisirent à la victoire du PCC en 1949. Ministre de la défense et chef de l’Armée Populaire de Libération, il rédigea la préface du Petit livre rouge et organisa à partir de 1964 sa diffusion. Il soutint Mao au lancement de la révolution culturelle puis s’en écarta. Leur opposition déboucha sur sa brutale disparition dans un accident d’avion en 1971.  On cacha sa mort pendant un an puis en 1974, la quatrième femme de Mao, Jiāng Qīng 江青 lança une campagne de critique conjointe de Confucius et Lín Biāo.

A la suite du décès de ce dernier, des fouilles dans son appartement auraient conduit à la découverte de matériel (calligraphie, livres, notes, citations…) montrant son goût secret pour les principes philosophiques et éthiques de Confucius. C’est sur cette base qu’a été lancée cette campagne ; elle ne visait évidemment pas des morts, mais un vivant dont elle ne citait pas le nom, Zhou Enlai. La modération et le sens des compromis de ce dernier en faisaient pour la Bande des quatre un Confucéen. Elle n’eut pas l’effet escompté puisque Mao Tsé-toung continua de lui accorder sa confiance [5].

L’affiche ci-dessus [6] est donc le témoin de cette curieuse campagne. Elle sort les paysans de leur travail pour les engager dans une lutte idéologique qu’on doit supposer de première importance. C’est le mouvement inverse du départ à la campagne des intellectuels : la transformation des paysans en lettrés obéissants !

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« L’homme triomphera de la nature », 1976

En juillet 1976 survint un terrible séisme près de Tángshān 唐山, une cité industrielle du nord est de la Chine dont le nom est écrit sur le maillot rouge de l’ouvrier. A sa droite un homme tient un livre sur lequel on peut lire : « Le Comité central du Parti Communiste Chinois a envoyé un message de condoléances aux habitants des zones sinistrées ». Selon les chiffres officiels, ce séisme aurait fait 240 000 morts.

C’est en réponse à cet évènement dramatique que parait cette affiche [7] qui fait l’éloge de la détermination humaine. « L’homme triomphera de la nature » déclare la première ligne du bandeau inférieur ; et la seconde : « Le ciel tombe et la terre tremble. Avec vos mains,  dessinez un nouveau monde».

Deux mois plus tard, en septembre, s’éteignait Mao Tsé-toung. Aussi ce poster peut il être interprété comme une sorte de testament politique. Mao en effet a toujours été guidé par l’idée que la volonté et l’idéologie étaient la voie royale pour changer les hommes et donc les choses. Il a lancé la révolution culturelle pour débarrasser la Chine de ses « vieilleries » et éloigner tout risque de « révisionnisme ». Mais si les idées les plus honnies furent celles de Confucius, la rupture avec le taoïsme apparait ici encore plus flagrante. Cette sagesse dont les racines plongent probablement dans l’animisme chinois préconisait le « non-agir » qu’il faut entendre comme un agir épousant le Tao (ou le Ciel ou la Nature qui en sont des équivalents) c'est à dire respectant le cours naturel des choses. Ainsi  Lao-Tseu soulignait-il qu’« en n’agissant pas, il n’y a rien qui ne se fasse » [8] et Tchouang-Tseu [9], l’autre grand fondateur de cette école de pensée, écrivait-il : « La nature régit le monde (…). Il ne faut pas (la) violenter, même sous prétexte de la rectifier (…) Gardez vous de vouloir allonger les pattes du canard ou raccourcir celles de la grue. Essayer de le faire leur causerait de la souffrance, ce qui est la note caractéristique de tout ce qui est contre nature, tandis que le plaisir est la marque du naturel » [10]. Mais le taoïsme s’étant toujours tenu à l’écart du politique aurait été une cible inoffensive et sans intérêt pour Mao, alors que le confucianisme qui a structuré les mœurs et la pensée politique de l’Empire chinois pendant plus de 2000 ans était un adversaire idéologique bien plus consistant.

La deuxième révolution communiste : le recours au capitalisme

Les deux principaux dirigeants chinois, aux manettes du pays depuis la fin de la guerre civile, disparaissent en 1976 à quelques mois d’intervalle. S’ouvre alors pour le Parti Communiste Chinois une succession pour laquelle il aura à choisir entre la radicalité de Mao incarnée par sa veuve Jiāng Qīng  ou le pragmatisme de Zhou Enlai et son successeur spirituel, Dèng Xiǎopíng 邓小平. Le choix fut en fait très rapide : un mois après la disparition de Mao, la « Bande des quatre » est arrêtée sur ordre du Président du PCC, Huá Guófēng 華國鋒 [11]. Elle est accusée d’avoir été l’instigatrice des désordres de la Révolution Culturelle.

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« Augmenter la production pour compenser  les pertes dues à la Bande des quatre », 1977

La « Bande des quatre » (四人帮 sì rén bāng) est le nom donné à un groupe de dirigeants de Shanghai qui ont œuvré avec Jiāng Qīng, la quatrième épouse de Mao, pour attiser les feux de la Révolution culturelle. Bien que celle-ci fut mise en sourdine par Mao Tsé-toung lui-même entre 1967 et 1969, elle s’est poursuivie sous des formes atténuées. Très active après le décès de Zhou Enlai pour écarter Dèng Xiǎopíng et combattre tout « révisionnisme » visant à abandonner la voie du communisme, la bande des quatre fut à son tour écartée après la mort de Mao. Le chaos dans lequel la Révolution culturelle avait entrainé la Chine leur fut en effet imputé [12], en même temps qu’était préservée la mémoire du Grand Timonier qui en avait pourtant été le promoteur. 

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« Le peuple uni se lance dans les quatre modernisations », 1979

Zhou Enlai avait proposé dès 1963 d’embarquer le pays dans ces quatre modernisations (四个现代化, sì gè xiàndàihuà), mais elles avaient été mises complètement sous le boisseau par la Révolution culturelle qui avait donné à la lutte idéologique et politique la priorité sur le développement économique. En janvier 1975, alors que sa santé était très déclinante, il tint à venir à nouveau les promouvoir devant une session de l’Assemblée nationale populaire. Il formula devant elle un ambitieux programme visant, avant la fin du siècle, à porter l’économie nationale aux premiers rangs du monde. Ce fut sa dernière apparition publique [13].

Dèng Xiǎopíng les présenta à nouveau en décembre 1978, en les accompagnants de propositions de réformes profondes les rendant possible [14].  Du fait de leur adoption par le Comité central du PCC, il se trouva intronisé comme le véritable successeur de Mao Tsé-toung, le nouveau Timonier. Il lança alors la Chine dans une nouvelle ère économique dont on connait aujourd’hui les résultats : elle est devenue en l’espace de 40 ans la deuxième puissance économique du monde et sa principale usine.

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« Aimer la science, étudier la science, utiliser la science », 1980

Les affiches de propagande se font rares dans cette nouvelle période. Celle-ci est intéressante [15] car elle montre un nouvel état d’esprit, celui du privilège accordé à la  science et à la technique sur le discours politique de motivation au travail.

Au premier plan, une jeune femme est plongée dans l’étude d’un ouvrage, le crayon à la main pour l’annoter ; elle manifeste sa concentration en se tenant le menton. Derrière elle sont présentés les produits les plus emblématiques de la science et de la technique modernes : tracteur, avion, sous-marin, train, fusée, pupitre de commande, etc. Ils ont tous été inventés et mis au point en Europe de l’ouest ou aux États-Unis. Ils sont la raison matérielle de leur supériorité économique.

En effet, ce qui fait la productivité du travail, ce ne sont pas tant les bras humains, toujours trop faibles même lorsqu’ils sont nombreux, que les outils et les machines couplés à l’énergie qui les animent [16]. Contrairement aux affiches de l’époque de Mao, dans celle-ci ce ne sont plus des travailleurs manuels qui sont mis en avant, mais des hommes ou des femmes – curieusement représentés comme des poupins – qui pilotent des machines.

Dèng Xiǎopíng ouvrit la Chine aux capitaux, aux méthodes économiques et aux techniques de gestion des entreprises occidentales. Il engagea ainsi le pays sur une voie capitaliste, tout en maintenant l’exclusivité du pouvoir politique au Parti Communiste. L’extraordinaire croissance qu’a connue la Chine pendant 40 ans a été une croissance de rattrapage. Ayant désormais rejoint l’occident sur le plan scientifique et technique, elle avancera probablement à un rythme résiduel de productivité, le même grosso modo que ses concurrents. Mais c’est une autre histoire…

Ceux qui sont intéressés par la Chine contemporaine peuvent consulter mon carnet de voyages : Encre de Chine.

 

[1] Il est aussi appelé en Chine « Les Plus Hautes Directives » (最高指示, zuì gāo zhǐshì).

[2] Affiche publiée par le Groupe révolutionnaire de publication de Shanghai

[3]. Source : https://chineseposters.net/themes/jinxunhua

[4] Auteur : Zhou Pengfei

[5] Source : Roderick Macfarquhan et Michael Schoenhals, La dernière révolution de Mao. Histoire de la révolution culturelle. 1966-1976, Gallimard, 2009

[6] Auteur : Zhao Guide. Le bandeau horizontal proclame : « Poursuivre la lutte pour la critique de Lín Biāo et Confucius » ; le rouleau au-dessus du calligraphe : « Les paysans pauvres et moyens ont courageusement été des pionniers en critiquant Lín Biāo et Confucius » (p 186)

[7] Affiche publiée par le Bureau des affiches de propagande de Shanghai

[8] Lao-Tseu, Le Livre de la Voie et de la Vertu, ch XLVIII, trad J-J-L Duyvendak, Librairie d’Amérique et d’Orient, Paris, 1975

[9] Lao-Tseu aurait vécu entre le milieu du VIe siècle et le milieu du Ve siècle avant l’ère commune ;  Tchouang-Tseu au siècle suivant.

[10] Tchouang-Tseu, L’œuvre de Tchouang-Tzeu, ch. 8, trad. Léon Wieger, Imprimerie de Hien Hien, Héjiān, 1913

[11] Huá Guófēng a été nommé Premier ministre au décès de Zhou Enlai par Mao Tsé-toung, puis il a été élu Président du Parti Communiste Chinois après celui de Mao.

[12] Auteur de l’affiche : Hu Zhenyu

[13] Source : Jean Luc Domenach et Philippe Richer, La chine 1949-1985, Imprimerie nationale, 1987

[14] Auteur de l’affiche : Lin Shiqing

[15] Auteur : Chen Long

[16] Ceux que le sujet intéresse peuvent consulter dans ce même bloc-notes l’article « De la productivité du travail et de certaines de ses conséquences… » en cliquant ici.


Le travail contre nature : entretien en balado

Bertrand Jacquier, un collègue psychologue du travail, tient avec talent, depuis un an, une fort intéressante chaine de baladodiffusion (podcasting) sur les questions du travail.

Lecteur de mon livre et de mon bloc-notes, il m'a proposé un entretien dont Le travail contre nature serait le fil rouge. J'ai évidemment accepté.

Voici le balado qu'il a réalisé à partir de cet entretien.

Vous pouvez écouter ses balados et vous abonnez à sa chaine en vous y connectant par ce lien : Le psy du travail

 

 


Retour d’un brin de sagesse politique en 2025 ?

Dur, dur, cette année 2024. Sans la parenthèse pacifico-ludique des Jeux Olympiques, elle aurait été, en France et dans le monde, bien noire. Et elle va peser lourd dans la balance de l’année prochaine : instabilité politique en France, guerres en Palestine et en Ukraine, un peuple Syrien libéré d’un despote sanguinaire sans garantie de suite bénéfique, un Président récidiviste aux États-Unis, partisan du jeu de quilles…

Alors pour cette année encore vierge, espérons que des brins de sagesse fleurissent dans l’esprit de nos dirigeants. La noblesse de la politique, quand le bateau tangue, ce n’est pas d’exacerber les divisions mais de chercher les voies modestes du moindre mal, pour éviter le pire.

Allez, à tous : Bonne année 2025 !

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La Chine sous Mao ou le travail pris dans les filets de l’idéologie – 1ère partie

A Shanghai, au 7° étage d’un ensemble immobilier est niché un musée privé qui recherche, conserve et expose les affiches de propagande produites en République Populaire de Chine de 1949 à 1997. Il a bien du mérite car bien que produites à l’époque en grande quantité, elles ont été pour la plupart détruites après la mort de Mao Tsé-toung. Or ce sont des témoignages historiques de première grandeur. Ils permettent de suivre les campagnes idéologiques et les mots d’ordre du Parti au pouvoir. Mais ils ont en outre un intérêt esthétique car si sur le fond les thématiques étaient imposées, la production en était  décentralisée, ce qui autorisait une grande variété de style et de qualité. 

C’est évidemment la manière dont le régime communiste met en scène le travail qui va ici nous intéresser et servir de fil rouge à cet article [1].

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Le portrait de Louis Pasteur par Albert Edelfelt ou comment représenter le travail scientifique

Cette image vous est probablement familière car c’est elle qui, immanquablement, est reproduite dans les livres d’histoire lorsqu’ils traitent du développement scientifique au XIX° siècle. J’ai découvert, lors d’une exposition au Petit Palais, qu’un peintre Finlandais, Albert Edelfelt, en était l’auteur [1].

Mais l’idée de consacrer un article dans mon bloc-notes à ce portrait (ci-dessous, à gauche) est née de sa confrontation dans l’espace de cette exposition avec cet autre (à sa droite), consacré également à Pasteur, accroché non loin de lui. La différence est saisissante, non pas tant sur le plan du talent des peintres que sur la manière de rendre compte du personnage. Dans le premier, Louis Pasteur est saisi dans son laboratoire, en plein travail, alors que dans le second, il apparaît en grand-père protecteur, auréolé d’une gloire toute Napoléonienne, mais sans  aucune référence aux raisons de cette gloire : ses nombreuses découvertes médicales et notamment celle qui lui conféra une aura internationale, la vaccination contre la rage.

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Jean Jacques Audubon, un peintre d’oiseaux sans âmes, devenu défenseur de la nature ?

Ce texte était trop long pour être inséré dans le chapitre « Portraits d’animaux » de l’article sur « La figuration des animaux en régime naturaliste : de la brute au Memento animalis es ». Aussi l’en ai-je extrait. Il  constitue une sorte de zoom sur la question des figurations scientifiques d’animaux, établi à partir de l’œuvre étonnante d’un peintre aventurier, ornithologue, autodidacte, porteur d’un projet encyclopédique de description des oiseaux d’Amérique.

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Rien de virtuel dans les réseaux numériques planétaires !

Voici le premier article de la série que j’ai décidé de consacrer aux technologies numériques et à leur impact sur le travail et la nature (voir « Les technologies numériques, fer de lance de la révolution industrielle ou son chant du cygne ? »). Il est issu d’un voyage d’étude organisé à Marseille par une Association de promotion du dialogue social [1] dont je suis membre. Lors de ce voyage, nous avons notamment visité un des Centres de données (data center) du concentrateur (hub) qu’Interxion exploite à Marseille.

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Les technologies numériques, fer de lance de la révolution industrielle ou son chant du cygne ?

Les technologies numériques envahissent notre quotidien et s’immiscent dans tous les interstices de notre vie individuelle et collective : économique, sociale, relationnelle, culturelle, politique... Elles nous mobilisent tous d’une manière ou d’une autre, les enthousiastes comme les sceptiques.

Nous vivons des temps que l’on peut qualifier de révolutionnaires car ils vont, en quelque dizaines d’années, transformer radicalement nos conditions et nos modes de vie, que nous le voulions ou non, que nous nous y préparions ou non. Nous allons les vivre alors que la civilisation industrielle qui aujourd’hui domine  le monde entre en contradiction avec elle-même. Elle va devoir en effet rapidement se passer des énergies fossiles dont la consommation intense a assuré sa croissance inouïe.  Mais dans sa phase actuelle de développement censée assurer le relais de productivité qui est son carburant, elle s’appuie sur des technologies numériques qui sont consommatrices d’énergie.

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La paix ! La paix ! La paix !

Le nouvel an, c’est la période des vœux, alors autant commencé par celui-ci !

Il n’y a pas de bonheur privé possible sous les bombes et les atrocités de la guerre. Nous en sommes heureusement épargnés en France, mais elle est à nos portes : en Ukraine depuis bientôt deux ans [1], les massacres en Israël puis l’effondrement de Gaza en représaille cette année. En 2022, 56 États connaissaient un conflit armé sur leur territoire [2]. Quel gâchis ! Quel déploiement de violence ! Comment imaginer relever les défis du changement climatique et renouer un rapport raisonnable à la nature si au lieu de nous soucier du monde qui nous entoure et nous permet de vivre, nous cultivons la haine et l’esprit de revanche au sein de notre espèce ?

Alors oui, ce sera mon premier vœu. Qu’il n’ait en lui-même aucune efficacité, c’est le propre de tous les vœux. Ils sont là pour témoigner auprès de nos proches du bien qu’on leur souhaite. Alors j’en ajouterai deux : que tous ceux qui ici me lisent connaissent cette paix du corps qu’on appelle la santé et le bonheur de relations riches et joyeuses avec ceux qui les entourent et qu’ils aiment.

Bonne année 2024, envers et contre tout !

Kunming, le 31 décembre 2023 à minuit

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La figuration des animaux en régime naturaliste : de la brute au Memento animalis es

Cet article vient compléter celui sur « La représentation de l’intériorité animale dans la peinture occidentale à partir du XVII° siècle » qu’il est préférable de lire avant celui-ci.

Dans Les formes du visible, Philippe Descola indique que la « subjectivité ostensible des humains et l’agencement des qualités du monde dans un espace unifié (…) sont les deux indices qui dénotent le mieux le naturalisme en image » [1], car ils rendent visibles ses deux traits caractéristiques,  l’intériorité à nulle autre pareille des humains et l’affirmation concomitante de la continuité physique existant entre tous les êtres.

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