La paix ! La paix ! La paix !
Rien de virtuel dans les réseaux numériques planétaires !

Les technologies numériques, fer de lance de la révolution industrielle ou son chant du cygne ?

Les technologies numériques envahissent notre quotidien et s’immiscent dans tous les interstices de notre vie individuelle et collective : économique, sociale, relationnelle, culturelle, politique... Elles nous mobilisent tous d’une manière ou d’une autre, les enthousiastes comme les sceptiques.

Nous vivons des temps que l’on peut qualifier de révolutionnaires car ils vont, en quelque dizaines d’années, transformer radicalement nos conditions et nos modes de vie, que nous le voulions ou non, que nous nous y préparions ou non. Nous allons les vivre alors que la civilisation industrielle qui aujourd’hui domine  le monde entre en contradiction avec elle-même. Elle va devoir en effet rapidement se passer des énergies fossiles dont la consommation intense a assuré sa croissance inouïe.  Mais dans sa phase actuelle de développement censée assurer le relais de productivité qui est son carburant, elle s’appuie sur des technologies numériques qui sont consommatrices d’énergie.

Prenons du recul : Les historiens et les économistes s’accordent pour identifier au sein de la révolution industrielle quatre grandes phases. Les deux premières sont portées par la mécanisation, la transformation de l’agriculture et l’usage intensif d’énergies fossiles : le charbon dans la première (fin du XVIII° siècle), puis le pétrole.et l’électricité[1] dans la deuxième (mi-XIX° siècle) . La troisième phase commence au milieu du XX° siècle et se caractérise par le développement de l’informatique et de l’automation. Sur le plan énergétique, c’est aussi le début de l’utilisation d’une nouvelle énergie non plus fossile mais minérale, le nucléaire. Enfin la quatrième phase a commencé à la fin du XX° siècle autour de la convergence de technologies numérique, physique et biologique[2], mais elle bénéficiera de moins en moins des énergies de cueillette. Me revient ici à l’esprit  ce commentaire de Tolstoï dans Guerre et paix, où il déclare, à propos de l’avancée de Napoléon en Russie, que sa victoire à Borodino lui avait certes ouvert Moscou, mais que ses troupes épuisées et amaigries, avançant en terres hostiles et sous le froid de l’hiver, n’ont pas laissé d’autre choix à l’empereur des Français que de sonner la retraite.

Il est possible que le changement climatique et les multiples assauts contre Gaia perpétrés par 250 ans de productivisme aient le même effet sur le capitalisme que la campagne de Russie sur les conquêtes Napoléoniennes. Mais cela n’empêchera néanmoins pas les technologies numériques, par inertie, de continuer à bouleverser profondément nos modes de vie et de travail, même si elles ne devaient pas empêcher que s’érode la productivité matérielle du travail[3].

Aussi, compte tenu de l’importance qu’elles prennent, j’ai décidé d’ouvrir un nouveau chapitre dans mon bloc notes qui leur soit consacré.  Je n’ai pas l’intention de (ni les compétences pour) les aborder de manière globale. J’ai plutôt envie de donner quelques  coups de projecteurs sur certaines des réalités qu’elles font apparaître dans le travail et sur leur impact sur la nature, en accord avec la vocation de ce blogue. Je m’appuierai pour cela sur les travaux des trois dernières sessions nationales des auditeurs de l’Institut du Travail[4] qui ont été consacrés à ce sujet.

Voici les premiers articles dont j’envisage l’écriture et que je publierai au fur et à mesure de leur production :

  • Rien de virtuel dans les réseaux numériques
  • Les plateformes numériques ou le faux nez de l’indépendance
  • L’Intelligence artificielle et les méga données (big data)

A suivre donc...

 

[1] L’électricité diffère des deux premières énergies, car elle est secondaire, c'est-à-dire qu’elle produite par d’autres qui, elles, sont primaires – pour l’essentiel à cette époque, des énergies fossiles. C’est une nouvelle forme d’énergie plutôt qu’une nouvelle source d’énergie.

[2] Il existe de nombreux travaux pour distinguer les différentes phases de la révolution industrielle. Ici, je me suis calé sur celle que présente Klaus Schwab dans La quatrième révolution industrielle, Dunod, 2017.  Schwab est le fondateur du Forum Economique Mondial qui tient son Sommet annuel à Davos.

[3] Sur cette notion, voir l’article « De la productivité du travail »

[4] Créée en 1986 par le Ministère du travail, ces sessions nationales rassemblent chaque année, en proportions égales une trentaine de représentants d’employeurs, de salariés et de l’Etat.  Ces sessions leur permettent de confronter leurs idées, d’échanger, d’analyser et d’élaborer des propositions autour d'une thématique d'actualité du champ économique et social. J’ai participé en 2005 à une de ces sessions et j’ai pu ainsi percevoir tout l’intérêt des regards croisés et du dialogue social.

Commentaires

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Didier

Ces technologies modifient depuis un moment nos modes d'être, dans nos relations aux autres, dans notre rapport à l'espace et au temps. La difficulté est de repérer quels sont les outils, les objets concrets qui modifient notre quotidien de travail ou autre. Dans mon prochain livre "Objets technologiques avez-vous une âme ?" Je traite plutôt de cet autre.
Je partage l'idée qu'il n'y a rien de virtuel dans ce qui est déjà réel !

b

bonjour, passionnant ! Je pense que toute réflexion sur la numérisation doit questionner la notion de "transition énergétique". Jean-Baptiste Fressoz, qui avait déjà beaucoup produit sur le sujet, vient de synthétiser tout cela dans un livre : "Sans transition, une nouvelle histoire de l'énergie", chez Seuil. Je ne l'ai pas encore lu (c'est prévu !) mais, connaissant le point de vue de l'auteur, je pense qu'il sera nécessaire d'intégrer tout ce matériau. La transition n'aura certainement pas lieu, et penser le futur "sans" cette transition fait émerger de nouvelles perspectives. Notamment sur le fantasme numérique. Il faudra qu'on en discute sur le podcast que j'anime :-)

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