L’allégorie du travail et de sa rémunération ["Le travail contre nature"]
06/03/2014
Lectionnaire des Evangiles pour l’empereur Henri III, folio 21 / Abbaye d’Echternach, vers 1039-1040
Cette magnifique illustration, pleine de vie, introduit la parabole de l’ouvrier de la 11° heure (Matthieu, 20) dans le lectionnaire d’Henri III, empereur du Saint-Empire Romain Germanique. Elle peut toutefois se lire indépendamment d’elle, comme une allégorie laïque du travail et de sa rémunération. Elle se présente comme une bande dessinée constituée de deux tableaux successifs reliés organiquement l’un à l’autre :
- La scène du haut est première. C’est une scène de travail. A gauche, un premier groupe d’ouvriers taille la vigne, et un deuxième au centre est figuré comme un travailleur collectif sarclant la vigne ; le mouvement de la houe y est décomposé en ses différents moments.
- La scène du bas est seconde. Les houes sont levées. C’est le temps du repos et de la rémunération. Un homme au centre, un contremaître peut-être, distribue leur paye aux ouvriers. L’un d’entre eux, à droite, une faucille à la main, semble montrer de l’autre son gain à des gens qui sont en dehors du cadre (sa famille ?) comme pour leur manifester sa joie ou sa fierté, ou bien les rassurer. Un autre, à la droite du contremaître pointe la scène du haut et indique le lien qu’elles ont entre elles. Enfin, à gauche, le maître (celui de la parabole) se tient debout, avec un bâton dans la main droite. Il montre également la scène du haut, à moins qu’il ne la bénisse. Mais que bénit-il alors ? Les travailleurs ou la scène dans son ensemble, celle d’une concorde entre le travail et sa rémunération ?
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