« Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant », Montaigne, Essais, III, 13
« Nous sommes en guerre. Pas contre une autre nation, mais contre un ennemi invisible et insaisissable » a déclaré Emmanuel Macron le lundi 16 mars, pour justifier le confinement généralisé auquel allait être soumis dès le lendemain l’ensemble de la population française.
On peut être un citoyen discipliné et se mettre en quarantaine dans les conditions prescrites par l’Etat, sans pour autant perdre sa lucidité ou son esprit critique.
Traiter le coronavirus d’« ennemi » est évidemment une métaphore. On peut d’ailleurs trouver dans l’histoire française de ce mot, de nombreux glissements de sens qui en montrent la plasticité. Il a pu ainsi désigner le diable considéré comme « l’ennemi du genre humain » ou un animal ou des agents naturels dangereux pour l’homme [1]. Associé à l’idée de « guerre », répétée plusieurs fois dans son allocution, c’est dans son sens le plus fort que chacun était invité à le comprendre, celui de « personne ou collectivité qui est vis-à-vis d'une autre un objet et/ou un agent de haine, d'actions nuisibles » [2].