Travailler avec les animaux

Ce texte est le troisième et dernier volet d’une série d’articles consacrés à la relation que nous nouons dans le travail avec les animaux. Il succède ainsi à Rosa Bonheur et le travail animal : « Le labourage nivernais » et Du travail animal.

A nouveau, je m’appuierais sur un tableau de Rosa Bonheur car il met bien en valeur cette relation et permet de souligner quelques unes de ses caractéristiques. Il s’agit cette fois-ci du Berger des Pyrénées donnant du sel à ses moutons, conservé au Musée Condé de Chantilly.C’est à mon avis une des œuvres les plus abouties de Rosa Bonheur. Elle plut tellement à son commanditaire, le duc d’Aumale, que celui-ci paya à l’artiste le double du prix qu’elle lui en demandait [1].

Rosa_Bonheur_berger donnant du sel à ses moutons
Rosa Bonheur, Berger des Pyrénées donnant du sel à ses moutons, 1864

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Du travail animal

Cet article est une réflexion qui s’inscrit dans le sillon ouvert le mois précédent avec Rosa Bonheur et le travail animal : « Le Labourage Nivernais ». Je vous invite donc, si ce n’est déjà fait, à lire ce dernier car il constitue les prolégomènes esthétiques et sensibles de celui de ce mois-ci. 

Dans Le Labourage Nivernais, les hommes, instigateurs de la situation dans laquelle les bœufs se trouvent embarqués, sont certes présents. Mais l’orientation picturale majeure de son autrice, sa sensibilité propre lui fait privilégier le portrait animal. Ce sont eux sur lesquels elle exerce le plus finement sa palette. « Je ne me plaisais », dira t’elle à sa biographe, « qu’au milieu de ces bêtes, je les étudiais avec passion dans leurs mœurs » [1].

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Rosa Bonheur et le travail animal : « Le Labourage Nivernais »

L’économie de l’art et les jugements esthétiques n’avancent pas du même pas, ni dans les mêmes directions. Au trébuchet de sa notoriété ou du prix de vente de ses œuvres, Rosaline Bonheur a été la peintre la plus reconnue de son temps. Cela l’a mise très jeune à l’abri de tout besoin et lui a permis de vivre en châtelaine à Thomery, dans la région parisienne. Mais elle est aujourd’hui ignorée du plus grand nombre : l’inverse de ce qui est arrivé à Vincent Van Gogh qui n’a vendu qu’une seule de ses toiles de son vivant et dont l’œuvre est aujourd’hui reconnue comme un des sommets de la peinture occidentale du XIX° siècle.

En amont d’une exposition-rétrospective qui s’ouvrira au Musée d’Orsay en octobre prochain pour saluer le bicentenaire de sa naissance [1], je me propose d’analyser un de ses tableaux majeurs, le labourage nivernais ; une œuvre qui donne la place principale à des animaux de trait et me servira de support à une réflexion sur le travail animal.

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"Nous paysans", l'histoire animée des mutations agricoles

Fin février, France 2 a diffusé un magnifique documentaire sur les mutations qu’a connu ces cent dernières années le travail agricole dans les campagnes françaises : « Nous paysans » de Fabien Béziat et Agnès Poirier.

Nous paysans L'ancien et le nouveau
Quand le nouveau passe devant l'ancien...

Ce qui en fait à mes yeux la grande valeur, outre la qualité de sa construction, c’est la superposition toujours pertinentes d’images d’archives [1] sur le récit raconté par Guillaume Canet ou sur les paroles de paysans d’aujourd’hui.

Je vous suggère, si ce n’est déjà fait, d’aller le visionner sur le site de France 2 où il est encore visible jusqu’au 24 avril 2021.

Pour vous donner un avant-goût de ce que vous allez découvrir, voici l’introduction du film qui affiche clairement son ambition :

Il raconte en image l’histoire des bouleversements du travail de la terre dont j’avais rendu compte dans un article de 2017 que vous pouvez aussi consulter : Une révolution agricole à bout de souffle.

 

[1] Pour faire ses choix très judicieux, Fabien Béziat a collecté 500 heures d’images d’archives qu’il est allé chercher « du côté des cinémathèques régionales (films amateurs) et des actualités filmées des fonds plus traditionnels (Gaumont Pathé, Lobster, Ina…) » (source : entretien du 23 février 2021 pour le CNC).


Une guerre mondiale, sociale, est-elle en cours ?

Bernard Thibault [1] siège depuis 2014 en tant que représentant des travailleurs au Conseil d’administration de l’Organisation Internationale du Travail. Sur la base de cette expérience, iI est intervenu sur « l’état social du monde et le rôle de l’OIT » dans le cadre d’un diner-débat organisé par l’Association tripartite des auditeurs de l’INT [2]. Cet article, que j’ai rédigé pour la revue 3D de l’Association, rend compte de son intervention et des réponses qu’il a apportées aux questions qui lui ont été posées.

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Toulouse-Lautrec et les maisons closes

Si Toulouse-Lautrec n’est pas le premier à peindre des prostituées [1], il est en revanche le premier à leur avoir consacré une part significative de son œuvre. Mais que laisse-t-il entrevoir ainsi de leur métier ? Quel regard porte t’il sur elles et sur lui ? A quoi a t-il été sensible ? Finalement, peut-on dire qu’il rend compte d’un travail ?

Commençons cette enquête par la couverture d’Elles, un album de lithographies qu’il a consacré à cet univers féminin [2].

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Vivre et travailler dans des climats extrêmes : l’exemple Lapon

Le changement climatique s’est immiscé dans toutes les têtes et y fait prospérer d’immenses craintes : comment les hommes, les plantes et les animaux pourront-ils s’y adapter ? Les Samis, le peuple autochtone de Laponie [1], l’a parfaitement réussi, dans des conditions climatiques différentes – le grand froid et la nuit polaire – mais tout aussi extrêmes que celles qui sont promises à nos enfants ou petits enfants. Ils l’ont réussi en ne cherchant pas à dominer la nature, mais en la connaissant intimement et en vivant en intelligence avec elle. Un exemple donc à méditer.

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Les mutations longues du travail : le cas de la médecine dans les sanctuaires d’Esculape

J'avais rédigé cet article avant que ne naissent les premiers cas de Covid 19 en Chine. Je l'avais programmé à l'époque pour qu'il paraisse ce mois-ci. Il se trouve évidemment très décalé de notre actualité confinée. Après réflexion, j'ai décidé d'en maintenir la publication, en me disant que c'était une manière de s'évader de notre quotidien par la pensée et l'occasion de méditer sur cette vaste question de la santé : comment les hommes s'y prennent pour la retrouver ?

 

La maladie est un phénomène biologique qui frappe toutes les espèces vivantes. La nôtre n’y échappe donc pas. En revanche, il est possible que, contrairement aux autres espèces, elle ait envisagé très tôt de ne pas la subir, mais de la combattre. Quelques crânes datant du néolithique ont pu ainsi être retrouvés avec des marques de trépanation [1].

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Le travail pénitentiaire

 

Fleury Merogis (9)
Fleury-Mérogis, le plus grand établissement pénitentiaire d’Europe

Grâce à Christine, une collègue de DireLeTravail, et avec elle, j’ai pu rencontrer des prévenus de Fleury-Merogis pour les faire parler du travail qu’ils réalisent au sein de la prison. Ce qui m’a le plus surpris alors, ce n’est pas tant ce qu’ils en ont dit – les travaux qu’ils y font sont classiques et ont largement leur équivalent en dehors de la prison – que les valeurs qu’ils lui accordaient. Leur témoignage dévoilait, par contraste avec ce qu’expriment couramment les travailleurs libres, combien leurs conditions particulières de vie et les modifications que l’activité de travail y introduit déterminaient leurs représentations… et leur attrait pour la chose.

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Le travail est une fiction – Illustration par l’art soviétique

Dès qu’on le précède de l’article défini, travail devient une idée qui se prête à toutes les plasticités car c’est une idée océanique. Pour lui donner un contenu, chacun peut y glisser son expérience personnelle de la chose, les témoignages de proches, les ouï dire, ses valeurs, ses fantasmes, ses convictions, ses peurs, ses espoirs… Dés qu’on la met en commun, il n’existe aucun travail qui lui ressemble.

Bien que nominaliste, je ne souhaite pas ici réactualiser la querelle des universaux [1] qui a passionné les philosophes du moyen âge. Je voudrais plus simplement montrer comment le travail peut devenir une pure idée politique, en m’appuyant sur la manière dont les artistes ont pu en faire l’éloge dans le pays qui voulait être sa patrie. Je m’appuierai pour cela sur « Rouge », la magnifique exposition organisée par le Grand Palais [2] sur l’art soviétique qui a prévalu de la révolution d’Octobre (1917) jusqu'à la mort de Staline (1953).

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