Je suis ingénieur agronome (1977) et docteur en philosophie (2009). Cette double culture, scientifique et littéraire, je l’ai forgée progressivement : la première, acquise par ma formation initiale et la seconde, construite tout au long de ma vie professionnelle.
J’ai engagé mes premières réflexions philosophiques sur le travail, en 2003, à l’occasion de ma reprise d’études. Je dirigeais depuis trois ans l’Association Régionale d’Amélioration des Conditions de Travail de Champagne-Ardenne. J’avais alors pensé qu’il serait plus facile pour moi de combiner étude et vie professionnelle si je choisissais comme sujet de mon mémoire de maitrise, une notion philosophique en relation avec mon activité. Ce choix se révéla si opportun que je l’ai maintenu pour le master puis pour ma thèse.
Lorsque mes recherches m’ont conduit à m’interroger sur les deux versants du travail, celui qui met en rapport les hommes avec la nature et celui qui les met en rapport les uns avec les autres, mes parcours culturels et professionnels dissociés se sont tout d’un coup trouvés rassemblés et légitimés. Du travail de la nature et de sa transformation, l’ingénieur agronome, un temps conseiller en développement agricole en Afrique, peut en parler. Et le dirigeant d’un organisme paritaire, également consultant sur les problématiques de conditions de vie au travail, ancien délégué syndical, s’est nécessairement trouvé au cœur des tensions sociales générées par le travail contemporain. C’est cette double influence qui m’autorise aujourd’hui à philosopher sur le travail, car elle offre la garantie de maintenir la liberté conceptuelle du philosophe sur le chemin des réalités humaines et naturelles dont il prétend rendre compte. C’est aussi elle qui m’a donné la force, le désir et la persévérance d’achever un ouvrage sur le travail, de le rendre public et d’ouvrir un bloc-notes sur la toile pour en accompagner la diffusion.